Axe I
Axe I
Archéologie de la péninsule Arabique
Coordination : Rémy Crassard (CNRS, CEFAS)
Étendue sur sept pays de la péninsule Arabique (le Koweït, le Yémen, l’Arabie saoudite, les EAU, le Sultanat d’Oman, le Bahreïn et le Qatar), la compétence géographique du CEFREPA est l’une des plus importantes parmi celles des Centres français de recherche à l’étranger. Elle est aussi de ce fait riche et variée, couvrant des périodes allant de la préhistoire à l’époque islamique. Entamée en 1982 grâce à la création du Centre Français d’Études Yéménites (CFEY), devenu le Centre Français d’Archéologie et de Sciences sociales en 2001 (CEFAS) puis le Centre Français de Recherche de la Péninsule Arabique (CEFREPA) en 2021,
l’activité en archéologie a progressivement amené les chercheurs à s’intéresser à un champ géographique plus large, marqué par des spécificités civilisationnelles propres à chaque partie de ce territoire immense qu’est la péninsule Arabique, mais aussi par des liens très forts entre les différentes régions qui le composent. De la civilisation de Dilmun sur la côte est de la péninsule à celle des Nabatéens en Arabie du nord, et en passant par les royaumes de Saba au sud ou de Himyar dans la partie méridionale, cet ensemble géographique a vu se succéder, depuis le néolithique, plusieurs peuplements et formes d’organisation de l’espace, tout en ayant établi des liens forts avec les civilisations voisines, notamment celle de la Mésopotamie, puis des Perses et des Romains.
Pour interpréter les vestiges d’un passé allant de la préhistoire jusqu’au début de l’islam, en passant par l’âge du bronze, l’âge du fer et l’Antiquité, les différents projets archéologiques mobilisent plusieurs compétences disciplinaires comme les savoirs propres aux céramologues, géographes, experts en systèmes hydrauliques, numismates, épigraphistes, historiens, géographes, botanistes, restaurateurs, topographes ou dessinateurs. Grâce au concours de ces disciplines, l’archéologie arrive à aborder le passé humain comme un fait total, dont il faut interroger toutes les déclinaisons et les manifestations. Parallèlement, les différents projets, malgré les spécificités qui les singularisent, tiennent compte, dans les interprétations proposées, de séquences chronologiques parfois très étendues, allant du néolithique jusqu’à l’époque islamique. Le choix de travailler sur la longue durée s’est montré fructueux pour progresser dans la connaissance de l’histoire de l’occupation des lieux et de la gestion des ressources par les hommes. Il s’agit d’un choix pertinent qui apporte une meilleure connaissance des étapes de l’évolution des sociétés qui se sont succédées au sein de cet espace immense qu’est la péninsule Arabique.
Les projets menés depuis quelques années ont déjà dévoilé certains secrets, et nous réservent sans doute de belles surprises pour les années à venir. La découverte du Camel Site en Arabie saoudite en 2016, la mise au jour des étapes de l’apparition des royaumes caravaniers dans certaines régions, ainsi que la meilleure connaissance des dimensions anthropologiques liées à l’organisation de l’espace entre rites, productions artisanales, habitations et exercice du pouvoir : toutes ces avancées scientifiques amènent à abandonner certaines idées reçues sur l’Arabie préislamique, et à ne plus envisager son histoire comme synonyme de vide et d’aridité, à l’image du désert qui en compose une bonne partie. Bien au contraire, les travaux archéologiques montrent le raffinement des cultures matérielles présentes dans la région (céramiques, dessins, motifs architecturaux, etc.), ce qui rompt avec l’image d’un espace rustre, dépourvu de savoirs portés par les hommes. La découverte de sites, de graffitis, de gravures rupestres ou de sculptures monumentales montre à quel point les peuples présents dans la région ont produit une culture matérielle d’une grande finesse. Ces aspects sont corroborés par des travaux sur les pratiques linguistiques qui soulignent la présence importante de l’écrit, chose à laquelle on ne prêtait pas attention en assimilant cet espace au règne de l’oralité. Ainsi, plusieurs inscriptions ou graffitis en arabe, latin, grec, sudarabique, syriaque, araméen ou nabatéen permettent d’interroger les cultures linguistiques qui se sont succédées dans cet espace, et d’étudier les échanges et emprunts que les peuples ont pu avoir à des périodes différentes de leur présence sur ce territoire.
Pour interpréter les vestiges d’un passé allant de la préhistoire jusqu’au début de l’islam, en passant par l’âge du bronze, l’âge du fer et l’Antiquité, les différents projets archéologiques mobilisent plusieurs compétences disciplinaires comme les savoirs propres aux céramologues, géographes, experts en systèmes hydrauliques, numismates, épigraphistes, historiens, géographes, botanistes, restaurateurs, topographes ou dessinateurs. Grâce au concours de ces disciplines, l’archéologie arrive à aborder le passé humain comme un fait total, dont il faut interroger toutes les déclinaisons et les manifestations. Parallèlement, les différents projets, malgré les spécificités qui les singularisent, tiennent compte, dans les interprétations proposées, de séquences chronologiques parfois très étendues, allant du néolithique jusqu’à l’époque islamique. Le choix de travailler sur la longue durée s’est montré fructueux pour progresser dans la connaissance de l’histoire de l’occupation des lieux et de la gestion des ressources par les hommes. Il s’agit d’un choix pertinent qui apporte une meilleure connaissance des étapes de l’évolution des sociétés qui se sont succédées au sein de cet espace immense qu’est la péninsule Arabique.
Les projets menés depuis quelques années ont déjà dévoilé certains secrets, et nous réservent sans doute de belles surprises pour les années à venir. La découverte du Camel Site en Arabie saoudite en 2016, la mise au jour des étapes de l’apparition des royaumes caravaniers dans certaines régions, ainsi que la meilleure connaissance des dimensions anthropologiques liées à l’organisation de l’espace entre rites, productions artisanales, habitations et exercice du pouvoir : toutes ces avancées scientifiques amènent à abandonner certaines idées reçues sur l’Arabie préislamique, et à ne plus envisager son histoire comme synonyme de vide et d’aridité, à l’image du désert qui en compose une bonne partie. Bien au contraire, les travaux archéologiques montrent le raffinement des cultures matérielles présentes dans la région (céramiques, dessins, motifs architecturaux, etc.), ce qui rompt avec l’image d’un espace rustre, dépourvu de savoirs portés par les hommes. La découverte de sites, de graffitis, de gravures rupestres ou de sculptures monumentales montre à quel point les peuples présents dans la région ont produit une culture matérielle d’une grande finesse. Ces aspects sont corroborés par des travaux sur les pratiques linguistiques qui soulignent la présence importante de l’écrit, chose à laquelle on ne prêtait pas attention en assimilant cet espace au règne de l’oralité. Ainsi, plusieurs inscriptions ou graffitis en arabe, latin, grec, sudarabique, syriaque, araméen ou nabatéen permettent d’interroger les cultures linguistiques qui se sont succédées dans cet espace, et d’étudier les échanges et emprunts que les peuples ont pu avoir à des périodes différentes de leur présence sur ce territoire.
Les nouvelles connaissances dont nous disposons maintenant grâce aux fouilles et aux publications qui en sont issues montrent comment cet espace a été au cœur de l’aventure humaine, du néolithique jusqu’à l’époque islamique. Il s’avère clairement qu’on a affaire à un espace qui était avant la lettre « connecté » par le commerce, les échanges, l’emprunt de motifs architecturaux, l’adoption de modèles artistiques, et le partage d’inventions techniques. Tout cela en fait des objets d’étude complexes, qui forcent les questionnements et obligent à réviser les idées couramment admises, voire à bouleverser certaines thèses qui, grâce à ces nouvelles recherches, deviennent fausses ou caduques. Indéniablement, cette région était marquée par la présence de plusieurs cultures qui se sont croisées, influencées les unes les autres et qui ont produit quelque chose de singulier. Cela en fait un patrimoine d’une richesse considérable composé de plusieurs strates et traversé par de nombreuses couches.
La focalisation récente sur l’archéologie médiévale et moderne, contribue aussi à diversifier les activités des chercheurs, jadis centrées sur la période antique, voire le paléolithique et le néolithique. Cette ouverture sur l’archéologie dite « islamique », comporte des enjeux scientifiques et diplomatiques importants, vu le rôle qu’elle joue dans la construction des identités nationales et dans les recherches et débats sur l’histoire du début de l’islam, qui connaît une expansion importante dans le champ de l’islamologie française. Une telle perspective de recherche va profiter de la présence, au sein du CEFREPA, d’un nouvel axe transversal portant sur le passage de l’Antiquité tardive à l’Islam et impliquant les compétences des archéologues, des historiens et des islamologues, le but étant de croiser les données textuelles avec les matériaux mis en évidence par les archéologues. Il s’agit d’un champ encore à explorer, malgré la présence de nombreux travaux d’origine anglo-saxonne. Le fait que l’activité du Centre s’accroît de plus en plus en Arabie qui est le berceau de l’islam et que les missions de fouille y connaissent une embellie sans précédent justifient aussi la mise en place d’une telle dynamique transversale.
Au-delà des perspectives interdisciplinaires ou pluridisciplinaires offertes par ce domaine de recherche, les projets menés dans les sept pays couverts par le CEFREPA disposent d’une identité qui les singularisent et les dotent d’objectifs précis poursuivis lors des fouilles et de l’étude des sites explorés. C’est la raison pour laquelle la description des différents projets ci-dessous est donnée par pays.
La focalisation récente sur l’archéologie médiévale et moderne, contribue aussi à diversifier les activités des chercheurs, jadis centrées sur la période antique, voire le paléolithique et le néolithique. Cette ouverture sur l’archéologie dite « islamique », comporte des enjeux scientifiques et diplomatiques importants, vu le rôle qu’elle joue dans la construction des identités nationales et dans les recherches et débats sur l’histoire du début de l’islam, qui connaît une expansion importante dans le champ de l’islamologie française. Une telle perspective de recherche va profiter de la présence, au sein du CEFREPA, d’un nouvel axe transversal portant sur le passage de l’Antiquité tardive à l’Islam et impliquant les compétences des archéologues, des historiens et des islamologues, le but étant de croiser les données textuelles avec les matériaux mis en évidence par les archéologues. Il s’agit d’un champ encore à explorer, malgré la présence de nombreux travaux d’origine anglo-saxonne. Le fait que l’activité du Centre s’accroît de plus en plus en Arabie qui est le berceau de l’islam et que les missions de fouille y connaissent une embellie sans précédent justifient aussi la mise en place d’une telle dynamique transversale.
Au-delà des perspectives interdisciplinaires ou pluridisciplinaires offertes par ce domaine de recherche, les projets menés dans les sept pays couverts par le CEFREPA disposent d’une identité qui les singularisent et les dotent d’objectifs précis poursuivis lors des fouilles et de l’étude des sites explorés. C’est la raison pour laquelle la description des différents projets ci-dessous est donnée par pays.