Cahiers d’études Corne de l’Afrique – Arabie du Sud

Le numéro 10 (2016) consacré à la franc-maçonnerie est disponible
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Les Éthiopisants Associés
Pount
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À L’Orient de Pount : francs-maçons en mer Rouge
Depuis son organisation en obédiences au XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie spéculative s’est développée dans des directions souvent très différentes et parfois difficiles à cerner, mais au service d’un même idéal : promouvoir le progrès, la liberté, l’égalité et la fraternité entre les hommes. Aux yeux du profane, plusieurs caractéristiques semblent pouvoir la définir plus concrètement : recrutés par
cooptation, les francs-maçons travaillent aux mêmes buts, dans la discrétion, voire le secret, et pratiquent entre eux une solidarité active et sans frontières. On comprend dès lors aisément qu’ils aient pu être accusés de « complots ». Complots politiques, le plus souvent, comme lorsque le gouverneur de la Côte française des Somalis, le frère Jules Lauret, entreprit avec le soutien des francsmaçons de Djibouti d’enlever aux religieux catholiques l’école de garçons qu’ils y avaient créée, la seule de la colonie (La loge N° 204 du Droit Humain, Orient de Djibouti) ou encore quand ils agirent pour faire appliquer des sanctions contre l’Italie qui venait d’agresser l’Éthiopie (La franc-maçonnerie et la guerre d’Éthiopie).

Il n’y a pas de loges maçonniques en Arabie, les auteurs sont unanimes sur ce point sauf, éventuellement, dans les communautés étrangères d’expatriés. On se souvient pourtant d’Omar le franc-maçon, personnage du roman de l’écrivain saoudien Hamza Bawqari soupçonné de l’être (Pount, 9 : 132). Presque florissante sous l’empire ottoman, la franc-maçonnerie a en effet subi une éviction progressive et fait depuis des décennies l’objet de condamnations (Fatwa de l’Assemblée de jurisprudence concernant la franc-maçonnerie).

Dans le cadre colonial, les loges écossaises ou anglaises, n’ont pourtant pas manqué de prospérer à Aden, depuis 1850, avec des filiales au Somaliland (Note sur la franc-maçonnerie à Aden).

Lukian Prijac à qui nous devons d’avoir exploré des fonds d’archives longtemps fermés ou inaccessibles mais surtout dont nul n’imaginait l’existence, s’est attaché à dresser quelques portraits de loges implantées soit sur la rive yéménite (La loge écossaise Felix No. 355 (Aden 1850-1971). Aperçus), soit sur la rive djiboutienne où existèrent une loge de la Grande Loge Nationale de France (Aperçus sur la franc-maçonnerie française à Djibouti de 1911 à 1940) et une autre du Droit Humain déjà citée. Deux au moins des loges ayant existé à Aden opèrent toujours aujourd’hui en Écosse et en Angleterre. À Djibouti, après un long silence, la franc-maçonnerie est aujourd’hui active et
« djiboutisée » (La franc-maçonnerie à Djibouti depuis l’Indépendance, le 27 juin 1977).
Quant à l’Éthiopie, bien présente dans la mythologie maçonnique, c’est elle qui aurait reçu la première visite d’un franc-maçon à la fin du XVIIIe siècle en la personne de l’explorateur James Bruce. Il faut toutefois attendre l’avènement du ras Tafari pour qu’une loge apparaissent à Addis-Abéba, formée elle aussi par des Européens (Aperçus sur la franc-maçonnerie française en Éthiopie de 1909 à 1924). Mais le futur Haïlé Sélassié, protégé par son attachement à l’Église, ne s’y intéressa pas. On pourra qualifier avec justesse toutes ces loges de « coloniales », en ce sens que leurs membres furent surtout des Européens et que si les Arméniens ou les Grecs, côté africain, et les Parsis et les Indiens, côté adénite, y furent nombreux, les « indigènes » proprement dits y furent très rares. Leur existence a été nulle et non-avenue dira-t-on et leur action sans objet. Mais qui oserait dire qu’une colonisation ou une occupation ne fait pas partie de l’histoire des colonisés ou des occupés ? Et qui peut mesurer une éventuelle influence qui peut s’exercer à l’insu même et de ceux dont elle émane et
de ceux qui la reçoivent ?

Un témoignage sur la presse et les services de la culture en Côte française des Somalis à la veille de sa disparition (Le Réveil de Djibouti et les activités culturelles du Service de l’information : souvenirs d’il y a 50 ans) et les bonnes feuilles de la traduction française d’un des romans amhariques les plus connus (« L’amour jusqu’au tombeau ») complètent la matière de ce Pount.

Notes de lecture et compte rendu constituent enfin de substantiels apports qui nous parlent du processus d’urbanisation en Éthiopie, des rapports entre les Oromo et l’éthiopianité, du qât et de la tyrannie qu’exerce cette drogue sur la société yéménite et, enfin, de la façon bien légère avec laquelle un auteur peut traiter de l’Antiquité sud-arabique.

Documents joints
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